Je consomme, tu consommes, il consomme, nous consommons…

Je viens de recevoir via le Net la énième proposition de crédit à la consommation, la proposition d'avoir une nouvelle carte ! Gratuitement !

Hier aux Assises de l’Oise dans la tranquille ville de Beauvais, à 80 kilomètres de Paris, les juges, le jury, condamnaient sans barguigner un couple à 10 et 15 ans de prison pour crime.

Deux adultes pour l’État-civil, mais sont-ils vraiment adultes intellectuellement, pris dans le filet de la consommation et du crédit à qui les divers organismes ont proposé monts et merveilles, « une signature suffit et s’ouvre la porte du bonheur consumériste ».

La mythique lampe d’Aladin s’est transformée en un morceau de plastique qu’il suffit de frotter, pardon, d’introduire dans la machine ou de présenter et « Abracadabra » étant remplacé par quelques chiffres, le bonheur est là.

Sans vouloir excuser ce couple qui porte sûrement une lourde responsabilité (trop lourde pour les épaules de cet homme et de cette femme) dans la mort de l’un de ses enfants le véritable responsable était absent, je veux parler du crédit à la consommation.

À la fin du XIXe siècle et pendant une grande partie du XXe siècle, on montrait du doigt ceux qui fréquentaient assidûment les cabarets, les cafés et les bistrots, brefs les débits de boisson en tout genre. Aujourd’hui, les assidus du Zinc ne sont toujours pas bien vus, mais c’est le tabac qui est surtout dans le collimateur de l’opinion.

La consommation n’est à aucun moment montrée du doigt. Au contraire, on encourage, on pousse à la consommation à outrance et bien entendu le crédit est là pour aider à consommer plus, non pas mieux, mais toujours plus.

Vous ne pouvez plus consommer car l’argent vous fait défaut ?

« Zorro crédit » est là et vous voilà débarrassé de tous vos soucis de fin de mois difficile.

Vous rembourserez très peu, mais tous les mois et plusieurs « Zorro crédit » à rembourser tous les mois, c’est beaucoup, c’est trop, c’est une armée de « Zorro crédit » vous menaçant avec leurs épées et vous faites encore appel à un « Zorro crédit » de plus mais l’armée grossit d’autant et vous voilà acculé, au pied du mur.

Et pour plagier La Fontaine, « Vous avez consommé ? Payez maintenant ! »

À quand un grand, un très grand Ministère, non pas de la Consommation, mais du Comment mieux consommer ?

Et quelle femme ou quel homme politique aura le courage d’attaquer tous les « Zorro crédit », de les traduire en justice ?

Quelle femme ou quel homme politique aura le courage de prendre à bras le corps la véritable éducation des masses ?